
L’important dans cette nouvelle mise en scène du Roi Pêcheur, c’est que cette version réécrite dans les années soixante et adaptée aujourd’hui par Laurence Arpi correspond aux besoins impératifs du théâtre. Le texte est plus resserré que le texte original comme si Julien Gracq et Laurence Arpi avaient voulu se garder d’un écueil : « on emménage pas avec une pièce ; dès que le contact dramatique se relâche, la tension tombe et l’ennui n’est pas loin. » (J. Gracq dans Entretiens avec Jean Roudaut, p94) comme si Gracq prenait acte de son propre constat : « je ne songeais pas du tout à la représentation en écrivant. » (idem p93). Cette tension, le spectateur la ressent ici puissamment d’autant que grâce à la mise en scène épurée et à ses acteurs, la dimension de « combat » est très perceptible tout au long des échanges entre les personnages ; même s’ils sont avant tout des figures et des symboles ils s’incarnent : c’est ce qui différencie totalement Le Roi Pêcheur du théâtre symboliste de Maeterlinck, dont pourtant il est proche par d’autres aspects. Le jeu d’Amfortas (Charles Reale) qui reste le centre de la pièce tout comme celui de Kundry (Leticia Gutierrez), qui porte les couleurs de l’auteur sont un autre point fort de cette mise en scène, qui met aussi en valeur la dimension mythique préférée par Gracq à la dimension psychologique pour laquelle il a peu de goût."
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